Alors la stévia, c’est bien ou pas ?

  • Le Passage du SAS
  • 27 Janvier 2021
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On m’a souvent posé cette question, et ma réponse, afin de rester dans la nuance, mérite un peu plus que 2-3 lignes. Elle est plutôt une invitation à la réflexion. 
 
Une chose est certaine, au détour de mes nombreuses lectures, l'industrie agroalimentaire me pousse à la méfiance car elle a souvent des méthodes de gangster, avec comme but premier le chiffre de fin d’année à présenter aux actionnaires. Les exemples ne manquent malheureusement pas… C’est pourquoi, dans mon alimentation personnelle, je privilégie la cuisine en partant de l’ingrédient de base non transformé, et si possible local, et je préfère réhabituer mon palais aux plaisirs que nous offre Dame Nature plutôt qu’aux artifices malsains de l'agroalimentaire.
 
Ici nous parlons d'une plante originaire d’Amérique du Sud. La découverte des Amériques a permis d'installer le plus grand transfert du matériel génétique végétal de toute l’histoire de l’Humanité. Tomate, manioc, pommes de terre, tabac, quinine, cacao, hévéa (L’arbre à caoutchouc) pour les plus connus.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Elle a toutefois été peu remarquée par les conquistadores qui se sont d'abord intéressés aux végétaux cités ci-dessus.
 
Qui aurait pu imaginer en 1492 que le sucre envahirait le monde? Au point qu'un succédané deviendrait  un marchée potentiel de 15 milliards d’Euros? A cette époque on utilisait juste un peu de miel, et le sucre ne deviendra une vedette qu'à la Renaissance, et encore, pour les élites.
 
Donc personne ne s'est véritablement intéressé à cette petite herbacée. Au XVIe siècle elle a été classée dans un dictionnaire de plantes médicinales par le médecin et botaniste Pedro Jaime Esteve, qui lui inspira son nom. Puis en 1905 le naturaliste suisse Mosè Giacomo Bertoni l’étudiera en profondeur et y apposera également son nom.
 
Le ka’a heê concentre dans ses feuilles du fer et du calcium ainsi que des molécules appelées steviol glycosides; elle a la particularité unique d'apporter une saveur sucrée au palais sans faire grossir, et sans augmenter le taux d’insuline dans le corps. La feuille a un pouvoir sucrant 15x supérieur au sucre, 300x pour son principe actif isolé et raffiné, le steviol glycosides. De plus, la plante complète possède une action antidiabétique et cardiotonique.  Les Indiens Guarani sont les premiers hommes à avoir utilisé la plante. ils en faisaient des gâteaux et sucraient leur maté. Ils considéraient la plante comme miraculeuse.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
La stévia étant présentée dans ses grandes lignes, nous devons faire une petite incartade au pays des édulcorants, afin de mieux comprendre la suite. 
 
Le plus connu des édulcorants est l’aspartame, il sera découvert par hasard en 1965 par un chimiste qui travaillait sur un médicament anti-ulcéreux. La première autorisation de mise sur le marché se fera en 1974, 1988 pour la France sous le code (E951). 
 
Une fois ingéré, l’aspartame a un potentiel mutagène, il se transforme dans le corps en :
  • Phénylalanine. Acide aminé se trouvant naturellement dans le cerveau humain, une prise d'aspartame suffit pour modifier son équilibre, une consommation chronique d’aspartame modifie la chimie cérébrale faisant chuter la sérotonine, hormone de la bonne humeur et provoquant des pertes de mémoire voire même une destruction des neurones. Le Dr Louis Elsas, professeur de pédiatrie a déclaré devant le Congrès américain que la phénylalanine se concentre dans le placenta et peut provoquer des cas d’arriération mentale.
  • Méthanol. Provoquant des problèmes visuels, des maux de tête et des vertiges.
  • Dicétopipérazine. Impliquée dans l’apparition de tumeurs au cerveau et de prolypes utérins.
 
Je n’en reviens pas qu'il soit toujours commercialisé au travers des produits "light" entre autres. Je vous invite bien sûr à ne pas me croire sur parole et à faire vos propres recherches. Il existe plusieurs études à ce suje,t dont certaines financées par l’industrie de l’aspartame, qui ne lui trouvent aucun problème (évidemment) et d’autres études indépendantes qui révèlent à 92% de graves problèmes. Le comble est que l’aspartame, enfin, crée un besoin maladif de sucre et fait grossir. 
 
Pourquoi je vous raconte cela? Car le brevet de l’aspartame est tombé dans le domaine public en 1990, date à laquelle l’innocuité du produit, par les études indépendantes, à été durement mise en doute.
 
Il a fallu rapidement trouver une alternative qui puisse redorer le blason du light, marché mondial grandissant, avant que le scandale ne s’intensifie.
 
Voilà donc comment notre petite ka’a heê de la forêt des indiens Guarani s'est retrouvée sous le feu des projecteurs mondialistes.
 
Je vais tenter de résumer son aventure sans rentrer trop dans les détails politiques de cette histoire.
 
Le Japon s'y est intéressé dès les années 1940 et a essayé avec peine de le cultiver en allant même jusqu'à importer l'eau du Paraguay au Japon. Il créera la première firme de production commerciale de stévia au monde en 1971. Elle va ainsi être introduite en Chine qui aujourd'hui détient 80% de sa production globale. Le Paraguay a perdu le monopole au niveau biodiversité; la petite plante acceptant de pousser en Asie et en Europe.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Le Paraguay a essayé de créer sa propre entreprise vers 1995, son produit étant simplement des feuilles de stévia séchées en poudre et non transformées, gardant ainsi toute la valeur de la plante entière et plaçant la réglementation sous "compléments alimentaires”. Le produit sera bloqué car on le soupçonne d'être potentiellement dangereux, alors qu'il est utilisé depuis longtemps au Japon et par les Guaranis. L’entreprise devra attendre jusqu'en 2009 ! pour recevoir enfin l’autorisation de le vendre à l’étranger et sa production reste minime comparé aux possibilités de l’agroalimentaire.
 
2009, c’est également l’année où, comme par hasard, on autorise la molécule sucrante de la stévia comme additif alimentaire dans le monde. Les entreprises de la boisson font alliance, le fabriquant Cargill et le distributeur Coca-Cola, Pure Circle s'allie avec Pepsi-Cola. Et ils lancent tous de nombreuses boissons avec des extraits de stévia. 
 
Une plante naturelle ne peut pas être brevetée, une molécule bidouillée avec un produit oui.
C’est David contre Goliath…
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
De plus il faut savoir que ces boissons ne comportent pas que la molécule brevetée mais également de l’aspartame et du sucre. Cependant sous le verrouillage des brevets, ils sont partis pour vendre pléthore de produits avec l'étiquette "naturel" et "sain”.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Pendant ce temps le Paraguay reste un pays pauvre avec encore des merveilles biologiques à découvrir. J’ai personnellement participé à un projet de développement d'école au Paraguay, en leur offrant mes services de graphisme. Il faut savoir que dans le Chaco, les enfants font jusqu'à 3 jours de marche pour rejoindre leur école, c'est pourquoi des associations font en sorte qu'ils puissent habiter sur place plusieurs mois où ils ne voient pas leur famille. Midi et soir ils ont sur la table une bouillie identique, heureusement avec le temps ils ont créé un jardin et acheté quelques vaches, pendant que les entreprises agroalimentaires se rachètent une conscience et font des milliards avec un produit "bon pour la santé".
 
Voilà j'espère que vous comprenez pourquoi je ne pouvais pas vous offrir une réponse simple sans explications.
 
Je pense que la stévia non transformée est un magnifique produit, si l'on parvient à acheter au petit producteur du Paraguay, mais je n’adhère pas à son annexion à l’empire  de l’agroalimentaire, à coup pots-de vin et de brevets douteux. Je n’ai pas non plus envie d’encourager la promotion d'un marché de plusieurs milliards, alors que le Paraguay reste un pays pauvre.

Ronald Juliet
 
 
Sources
Bastien Beaufort, Doctorant en Géographie – Géohistoire de la diffusion globale de la plante stévia (Ka’a heê)
Témoignange du Dr. Louis Elsas, génétique pédiatrique, université Emory – Aspartame et grossesse
http://www.mpwhi.com/testimony_of_dr_l_elias_aspartame_and_pregnancy.htm
JW OlneyNB Farber E Spitznagel LN Robins – Increasing brain tumor rates: is there a link to aspartame?